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Les tueurs d’Eden

Eden donc… Petit port de pêche sur la côte sud du NSW, mais dont la renommée est singulière. Ce coup-ci, les Australiens ont fait plus fort que la sardine qui a bouché le port de Marseille. A Eden, la célébrité locale s’appelle Old Tom, un orque qui, dans les années 1910-1920, s’associait aux pêcheurs de baleines pour traquer les géants des mers. L’histoire veut que, régulièrement, Old Tom, sa mère Hookey, ses frères Stranger et Typee rabattaient dans la baie une baleine isolée ou affaiblie. Puis, ils alertaient les pêcheurs de baleines en faisant claquer leur queue pour que ceux-ci viennent harponner le cétacé. Les orques se mettaient alors contre les évents de l’animal pour l’asphyxier et sous lui pour l’empêcher de replonger. Une fois la baleine morte, les pêcheurs donnaient aux orques la langue et les lèvres de la bête.

A Eden, un musée a été consacré à cette histoire, le Killer Whale Museum. On y apprend notamment que, pendant 76 ans de chasse à la baleine, la compagnie de pêche de Davidson (« collaborateur » des orques) n’a perdu qu’un seul homme en mer grâce à l’aide d’Old Tom et de sa famille. Lorsqu’un homme se jetait à l’eau pour aller travailler directement sur la baleine, un des orques décrivait des cercles autour de lui pour le protéger des éventuelles attaques de requins. Et en cas de problème, une partie des baleines tueuses faisaient claquer leurs nageoires dans le port pour prévenir les secours.

Si on croit au départ au dressage des orques par les hommes, les explications du guide du musée tendraient à prouver le contraire. Au « temps du rêve », ensemble de mythes aborigènes, les orques étaient déjà présents et leurs techniques de chasse très étudiées. En groupe, les orques s’appliquaient à pousser les baleines vers la plage, jusqu’à ce qu’elles s’échouent en arrière, la queue et le corps sur le sable, la tête dans l’eau. Une position qui leur permettait alors de manger la langue et les lèvres des cétacés. Dans l’histoire d’Eden, c’est donc l’intelligence implacable des orques qui les aurait mené à s’associer aux hommes pour se « faciliter la tâche ». Une belle preuve de connexion entre homme et animal… dommage que cela ait servi au carnage des baleines (aujourd’hui protégées en Australie).