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Le footy, roi de Melbourne

Melbourne, capitale culturelle de l’Australie, vibre chaque année entre mars et septembre au rythme du championnat national d’Aussie Rules. Ce sport, comme son nom l’indique, ne se joue qu’en Australie, et encore pas partout, et pourtant, il draine une foule immense au stade tous les week-ends...

 

 

Des écharpes bleues et blanches autour du cou, des bonnets jaunes et marrons vissés sur la tête. Les supporters de Carlton et de Hawthorne se rendent au stade, le Melbourne Cricket Ground, dans une ambiance fraternelle et conviviale. Les enfants arborent même parfois des couleurs différentes de celles de leurs parents. On imagine difficilement cela en France : le fils supportant le PSG quand son père ne voit que par l’OM...

C’est un samedi ordinaire dans la vie des fans de footy. Plus de 69 000 personnes sont venues assister à ce derby entre deux équipes de la banlieue de Melbourne. Oui, 69 000 spectateurs, soit plus que la capacité du stade Vélodrome à Marseille, pour un match entre équipes du milieu de tableau du championnat AFL (Australian Football League). Ce championnat regroupe les 16 meilleures équipes d’Aussie Rules du pays. Enfin de l’Etat plutôt… car 10 de ces 16 équipes sont localisées dans le Victoria, une seule vient de Sydney, les autres sont de South Australia et du Western Australia. Melbourne, en tant que capitale du Victoria, est donc bien la capitale du footy.

 

Fluide et rapide

Mais quel est ce sport si populaire dans le sud de l’Australie et quasiment inexistant ailleurs ? Le footy, ou Aussie Rules, se joue sur un terrain rond, dont le diamètre est de 150 mètres et dont deux côtés sont aplanis. Sur ces lignes quatre poteaux sont érigés, deux grands au centre entourés de deux plus petits. Un carré central est également dessiné sur la pelouse, dans lequel se trouve un petit rond qui marque le centre du terrain. Les 50 mètres sont aussi délimités par des lignes (comme les 22 mètres au rugby).

Les matches opposent deux équipes de 18 joueurs (6 avants, 6 milieux et 6 arrières) et durent quatre quart-temps de 30 minutes. Le tout sous la direction de 7 arbitres… Le coup d’envoi est une sorte d’entre-deux façon Basket-ball, sauf que là l’arbitre fait rebondir le ballon ovale le plus fort possible, tandis que les joueurs sont de part et d’autre du carré central. Seuls quatre par équipe peuvent se trouver à l’intérieur de carré lorsque l’arbitre « drop » la balle.

Et c’est parti pour 30 minutes de combat intense. Les joueurs n’ont le droit de transmettre le ballon à leur coéquipier que par des passes volleyées (le ballon dans une main, ils le frappent avec l’autre comme un service d’un élève de 6^e au volley) ou au pied. Si le coéquipier bloque la balle sans que celle-ci n’ait rebondi, après une passe au pied, le joueur a fait un « mark », ce qui veut dire qu’il ne peut pas être plaqué et qu’il a tout son temps pour transmettre la balle à un autre joueur. Les footeux peuvent conserver le cuir dans les mains et courir avec, mais ils doivent le faire rebondir tous les 10 mètres environ ; chose peu aisée avec un ballon ovale.

L’objectif de ce sport est d’inscrire des buts entre les poteaux du milieu. Pour cela, les attaquants doivent réceptionner le ballon dans les 50 mètres et réaliser ainsi un « mark ». Le joueur peut ensuite tenter de tirer de l’endroit où il a récupéré le ballon. S’il vise les poteaux du milieu, l’équipe marque 6 points et le ballon est remis en jeu au centre du terrain. S’il rate son coup et met la balle entre les poteaux extérieurs, cela ne vaut qu’un point et l’équipe qui l’a concédé repart avec le ballon sous les poteaux. Quand la balle sort de l’aire de jeu à la suite d’une mauvaise passe ou d’une mauvaise réception, l’un des sept arbitres effectue la remise en jeu. Il se tourne, dos au terrain, et lance la balle à une main le plus loin possible.

Concernant les fautes ou pénalités, c’est assez simple : il est interdit de pousser dans le dos et de garder la balle au sol. Comme il y peu de sanctions, donc d’interventions des arbitres, l’Aussie Rules est un sport très fluide et très rapide. Cela va d’un but à l’autre et ce dans une ambiance étonnante.

 

Match sous haute tension

Pendant 120 minutes, les 69 000 spectateurs du Melbourne Cricket Ground, dont la capacité est de 100 000 places, ont donné de la voix pour encourager leurs favoris. Derrière les poteaux, de chaque côté des tribunes, les pom-pom-girls se répondaient coup pour coup dès qu’un joueur d’une équipe ou de l’autre inscrivait un but ou le manquait de peu. La tension était palpable dans les dernières secondes du match quand l’attaquant vedette de Carlton, menée de 5 points, a effectué un mark dans les 50 mètres des Hawks. Tout le monde a vu le ballon passé entre les poteaux du milieu, mais la vidéo et les arbitres ont vite calmé les ardeurs des supporters bleus, et ce sont les jaunes et marrons qui ont exulté quand la fin du match a été sifflée. Tous sont, tout de même, rentrés bras-dessus bras-dessous en parlant de ces arrêts de jeu si longs et si stressants. Près d’une semaine après le match, un ami de nos hôtes qui nous avait accompagnés (son équipe a perdu) nous a dit que le match du week-end était encore sur toutes les lèvres. C’est tellement rare un match de footy qui se termine par un score de 106 à 102…

S’il y a un truc à faire à Melbourne, à part bien sûr la visite des musées, c’est bien assister à un match de footy. Que vous soyez sportif(-ve) ou non, vous vous laisserez prendre par ce jeu si plaisant à regarder, où on est sûr de voir des buts. On se prend même à supporter une équipe que deux heures avant on ne connaissait même pas. Si, si… mes ongles se souviennent encore de ce match…

 

Ludolivo