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Titre du blog : La Tête en bas
Auteur : LaTeteEnBas
Date de création : 18-01-2009
 
posté le 17-06-2009 à 08:51:54

Triste Alice

Uluru, site sacre pour les AborigenesLa ville d’Alice Springs, à mi-chemin entre Adélaïde et Darwin, a été notre première vraie rencontre avec les Aborigènes. Un face-à-face plus qu’une rencontre, devrais-je dire. Car, aussi choquant que cela puisse paraître, il existe deux Alices : celle des Blancs et celle des Noirs. Deux mondes qui se superposent dans les rues, mais sans vraiment se croiser, comme situées dans deux dimensions différentes.

La Alice blanche ressemble à n’importe quelle petite ville australienne « britannisée », avec les spécimens « cow-boys de l’Outback buveurs de bière » en plus. Le dimanche, le jardin d’enfants se remplit de familles (blanches), et, le matin, il accueille des groupes de jeunes mamans (blanches) venues jogger armées de leur poussette. Le centre culturel, quant à lui, organise le soir des projections de films qui attire un large public (blanc !).

              Au même endroit  ̶  et pourtant à des années lumières  ̶  la Alice noire porte, elle, un coup à l’estomac. Alors que le monde blanc fourmille de son goût pour les choses plus ou moins futiles, les Aborigènes « urbanisés » semblent inexorablement coincés entre deux civilisations. Sans occupation au sens occidental du terme, ils errent dans la ville, seuls ou en groupes. On pourrait croire qu’ils sont invisibles aux yeux des Blancs, s’il n’y avait ces quelques signes prouvent le contraire : un panneau interdisant la consommation d’alcool dans telle ou telle zone, des caméras de surveillance çà et là (elles sont absentes des autres villes australiennes visitées jusqu’à présent), des policiers faisant des rondes incessantes, à pied ou à bord de leur pick-up agrémenté d’une cage « anticriminels ». Pas étonnant que les Aborigènes jettent un regard noir aux Blancs qu’ils croisent, devant tant de confiance et d’encouragement à l’intégration…

            En tant qu’étrangers à la ville, on se sent comme débarqué en pleine trêve, où chacun s’observe du coin de l’œil. On souhaiterait pour une fois échapper au Blanc local qui cherche par-dessus tout à nous faire ouvrir le porte-monnaie. Mais pour les Abos, nous ne sommes que des « colons » de plus, venus en renfort s’octroyer LEURS terres et s’offrir quelques pièces exotiques à exposer dans nos salons.

            Le contact est difficile, voire impossible en dehors de quelques banalités. Beaucoup ne parlent pas anglais et se méfient de vous comme de la peste. Mais comment pourrait-on les blâmer ? Nous avons le même visage que ceux qui les ont déraciné et propulsé dans cet espace désolé, où ils se retrouvent au pied du mur.

 D. R.
 

Commentaires

Mamounette Busterjo le 19-06-2009 à 09:38:06
Le Scénario se répète inexorablement......

C'est grave