La Tête en bas

Voilà maintenant une semaine que nous sommes arrivés à la Yurtfarm de Goulburn, petite cité de 25 000 habitants à deux heures de Sydney.

 

Goulburn est la première ville fondée à l’intérieur des terres australiennes. Elle fête cette année ses 175 ans. La ferme aux yourtes se situe à environ 17 km du centre-ville et s’étend sur 6 km² (2 km x 3 km). Elle comprend une vieille bâtisse, plus que centenaire, où vit la famille Shepherd – Mike, Judith, Tess (10 ans) et Ruby (6 ans) –, une « wwoof house », où les wwoofers dorment, se restaurent et découvrent différentes cultures en discutant devant un jeu de société, créé spécialement pour cela par les hôtes. Dans la basse-cour, plusieurs variétés de poules et coqs se côtoient (chinoises, aux œufs verts…) ; dans leur parc, les chèvres Angora ruminent en voyant le paon se promener en totale liberté, et l’écurie accueille pas moins de 10 chevaux.

Chaque matin, la vache, d’une race anglaise, offre son lait à qui veut bien la traire… Nous avons essayé et ce n’est vraiment pas évident. C’est un coup de main à prendre. (Delph : « Je précise que j’étais meilleure que Ludo ! »)

Les yourtes sont à l’écart de la ferme, à environ 700 mètres (15 minutes à pieds). Mike en construit une par an, ce qui fait qu’aujourd’hui le « yurt village » compte 24 yourtes, de différents matériaux, tailles et couleurs. Certaines sont en bois, d’autres en paille, il y en a même une en pierre. Les Trois Petits Cochons sont peut-être passés par-là...

 

Notre vie à la ferme est rythmée par des petits travaux quotidiens le matin (environ 4h) et le farniente l’après-midi. Nous avons donc ainsi pu tester nos talents de peintre sur des ponts de bois (lundi), nous avons également perfectionné notre maniement de la pioche et de la pelle (Delphine s’en sort très bien) car nous devions déplacer un réservoir d’eau d’environ xxx litres (mardi). Mercredi, un caméraman (un très sympathique Canadien anglophone) est venu pour faire un DVD promotionnel de la Yurtfarm. Nous avons donc servi de cobayes devant la caméra et « testé » tout ce que les enfants pratiquent quand ils viennent en camp ici : moudre le blé en farine, ramasser des œufs, traire une vache à la main… et avec tout ça, préparer des pancakes sur le feu ! Sans oublier faire de la tyrolienne, du canoë, etc. Bref, un travail harassant ! Nos doigts deviennent de plus en plus verts à force d’aller dans le jardin de Judith (prononcez « Youdit », elle est néerlandaise) pour désherber, planter, arroser, retourner le compost. On ne s’ennuie pas à la Yurtfarm des Shepherd.

 

L’après-midi est consacré aux loisirs, tels que la randonnée dans le bush, vers la « fishing yurt » (yourte du pêcheur, chère à Francis Cabrel !), le ping-pong, le billard, le tennis (sur des tables ou court fabriqués par Mike et des wwoofers).

Nous avons déjà rencontré pas mal de monde. Tout d’abord Mike, le propriétaire. Il dirige les camps des enfants et possède une entreprise qui commercialise des yourtes dans le New South Wales et à Canberra. Il ne tient pas en place et a toujours une idée pour améliorer le village des yourtes. Judith, sa compagne, gère la ferme. Elle a la tête sur les épaules, (celle de Mike est souvent dans la lune !) est très organisée et dirige la manœuvre des wwoofers quand ceux-ci sont attelés aux travaux agricoles. Tess, l’aînée des deux enfants, est une passionnée de cheval. Elle possède déjà sa propre jument (Kate, 14 ans, excellente jumpeuse) qu’elle monte quasiment tous les jours en rentrant de l’école. Cette petite fille blonde nous a accueillis le premier jour comme une vraie hôtesse, nous expliquant comment fonctionne le wwoofing, où nous installer… Elle est très mature pour son âge. Ruby, la petite dernière, est une vraie chipie, toujours en train de rire, de se chamailler avec sa sœur et ponctuant toutes ses phrases par des « Good boy/girl » ou des « Oh my god ! ».

Nous avons aussi fait la connaissance de Kyo, un Japonais qui vient de créer sa propre ferme biologique près d’Osaka. C’est un vieux de la vieille : la première fois qu’il est venu à la Yurtfarm, c’était il y a 12 ans, et il est revenu sept ans plus tard. Il a fait un voyage de 10 heures pour ne rester que trois jours, avant de repartir au Japon. (Delph : « Ils sont fous ces Japonais ! »). Nous cohabitons depuis samedi soir avec deux Sud-Coréens (Charlotte et Steve : on a vu plus Coréens comme prénoms…). C’est fou comme les cultures asiatiques et européennes sont différentes ! Même si le Japon et la Corée du Sud sont des pays « occidentalisés », économiquement et politiquement parlant. Ces rencontres permettent de relativiser la situation en France. Nous ne sommes peut-être pas si mal : nous avons des vacances (pas comme au Japon), nous ne manquons pas d’eau (pas comme en Australie), notre pays n’est pas coupé en deux (pas comme la Corée)… Reste plus qu’à croiser un Somalien pour nous réjouir de pouvoir manger autre chose que du riz !