Afin de retarder (et on espère d’éviter) cette alternative coûteuse (300 dollars le mètre cube), nos économies d’eau sont devenues draconiennes : nous regroupons la vaisselle, ne tirons la chasse que lorsque c’est vraiment nécessaire [If it’s yellow, let it mellow ; if it’s brown, flush it down » - notre nouvelle rengaine !], avons échangé la douche contre un plongeon dans une piscine-réservoir créée par Mike cet hiver… Bref, la vie s’organise différemment, un peu moins confortable mais beaucoup moins gaspilleuse aussi. Une bonne occasion de remettre en question nos systèmes de valeurs pour réaliser que la profusion nous fait adopter des comportements ahurissants. Tandis qu’en France certains font couler l’eau de leur douche pendant un quart d’heure, nous avons chronométré que trente secondes suffisent amplement pour se mouiller et se rincer. Une minute si vous avez des cheveux longs. Faîtes le test, vous verrez… De même pour les toilettes : a-t-on vraiment besoin de 7 litres d’eau – 3,5 l avec les chasses économiques – pour chaque petit pipi ? On vous laisse répondre à celle-là.
Après les moutons, c’était au tour du lama et des deux alpagas d’être tondus. Vendredi dernier, Barney est venu avec tout son matos – et tous ses poils (voir photo) – pour effectuer la tache. La technique est un peu plus violente que la capoeira félixienne (cf. article « Jouons à tonte-moutons) : après avoir chopé la bête par son long cou, il faut la soulever par la queue et la faire basculer sur la table d’opération. Elle y sera ensuite écartelée, ses membres liés. Ca paraît très barbare, mais en réalité, ça ne fait pas mal. Joshua, l’alpaga blanc, n’a cependant pas tellement apprécié. Habituellement, il est le kakou de la bande, toujours à venir défier si l’on s’approche trop près. Mais là, il s’est littéralement pissé dessus (oui, oui, en vrai !), en gémissant de toutes ses forces. Nous, on s’est vengé…en rigolant !
Et pourtant, nous, on n’est pas dupes… Impossible que ce soit Noël ! Il manque tellement de détails essentiels. Vous voulez un exemple ? Très bien. Alors, petit test : si l’on vous dit « Noël », vous pensez immédiatement à… à… FROID, bien sûr ! Et à tous ses dérivés, cela va de soi : neige, cheminée, chocolat chaud, pull à col roulé, Astérix rediffusés à la télé… Le problème, c’est qu’ici en ce moment, c’est plutôt « 35° C – sécheresse – fenêtres grandes ouvertes – thé glacé – débardeur – et pas de télé ! ». Comment voulez-vous que dans ces conditions, on y croit un seul instant.
C’est arrivé un peu comme un cheveu sur la soupe, je ne m’y attendais pas vraiment. La félonie de Delphine y a été pour quelque chose. En effet, un jour où je revenais de donner à boire à deux des quadrupèdes de la ferme, j’ai eu le malheur (ou le bonheur, c’est selon) d’annoncer à ma chère et tendre que je trouvais Gamble vraiment jolie pour une jument – en général je considère les chevaux comme des animaux banaux, sans grand intérêt, auxquels je préfère les ânes (qui eux ne se laissent pas dresser comme leurs idiots de cousins). Mais ce canasson à quelque chose de particulier. Elle est grande, assez trapue (j’ai toujours eu un faible pour les chevaux de trait) et d’une couleur peu commune : châtaigne avec un pied blanc.
Le soir du 25 décembre, nous avons fêté Noël en faisant un gros repas. Une quinzaine de personnes étaient installées autour de la table, dont 6 wwoofers, Mike, Ella (sa fille) et ses deux garçons (6 et 3 ans), l’ami d’Ella et sa fille (6 ans), ainsi que des amis de Mike – vous suivez toujours ?!