Bon, vous l’aurez compris, Bali a de quoi séduire. Paysages sublimes, habitants accueillants, train de vie bon marché… Bref, les bons points s’accumulent. Mais comme pour tout, il y a un revers à la médaille.
Touriste, la pompe à fric
Avec des milliers de visiteurs débarquant sur l’île chaque jour, l’économie de Bali est en grande partie construite sur le tourisme. Un secteur qui a vu sa croissance d’autant plus exploser les vingt dernières années que le train de vie de ses habitants est resté bas. Pour parler concrètement, Bali est encore moins chère aujourd’hui pour un ressortissant de la zone Euro qu’aux débuts de la monnaie unique en 2001.
Et cela, les Balinais (du moins, ceux des zones touristiques) l’ont bien compris. Du coup, ils gonflent leurs prix. Pour ce qu’un local paierait 10 000 roupies, il en est demandé 100 000 à un étranger. Même en marchandant sérieusement, il est difficile de revenir à un prix normal. Autre exemple, un trajet Amed-Tanah Lot, à deux, par le bus nous reviendrait à 200 000 rp (et encore, parce qu’on doit prendre un taxi à 45 000 rp chacun pour rallier la station de bus). En taxi, on nous en demande 450 000 ! Un décalage qu’on n’a pas pu expliquer, ni par l’essence (4 500 rp le litre dans toutes les stations), ni par un gain de temps (vues les routes, tout le monde est bloqué à 60 km/h). Sans parler des petites combines entre taxis et restaurants… Si vous partez en excursion, il y a de grandes chances que votre chauffeur vous débarque dans un resto chic pour le déjeuner, sans que vous n’ayez rien demandé. En général, il touche une commission.
Alors certains diront : « Peu importe, ça ne représente qu’une poignée d’euros ». Le problème selon moi, c’est qu’en prenant les touristes pour des vaches à lait, les Balinais se tirent une balle dans le pied. D’abord, parce que le vacancier déteste être harcelé. A la première sollicitation, il va être aimable, s’intéresser et, si le vendeur est bon, acheter quelque chose. A la vingtième, le touriste ne répond même plus, voire même se braque. Ensuite, cette exploitation à outrance rend les insulaires dépendants. Il n’y a qu’à voir les dizaines de gamins sur les plages qui tentent de vous refourguer des bateaux miniatures et autres cerf-volant multicolores. Ils tiennent déjà les discours de leurs grands frères et tentent de vous culpabiliser : « My parents, no money for school. Buy boat. 50 000 rp ». Précisons qu’en Indonésie, l’école est gratuite… Des écriteaux dans les hôtels vous mettent parfois en garde : « N’achetez rien aux enfants, ça les rend paresseux ». La remarque fait en effet réfléchir. Car un môme qui se fait cinquante fois son « argent de poche » en vendant une babiole ira plus tard vers la solution de facilité. A savoir, investir dans un scooter qu’il louera à un prix exorbitant aux touristes… Une dynamique contre-productive pour Bali, et l’Indonésie en générale, puisqu’elle ne favorise pas la création/maintien d’une population éduquée, moteur de toute société. Qu’adviendra-t-il de l’économie du pays si la mode « Je pars en vacances à Bali » passe en Occident ou si des attaques terroristes, récurrentes, effrayent le touriste ?
Bakchich mon amour
L’autre gros problème rencontré par Bali est la corruption. En particulier de sa police. Partir à la découverte du centre de l’île, c’est prendre le risque de rencontrer un barrage soi-disant « de contrôle ». En réalité, les agents arrêtent quatre ou cinq véhicules et les rackettent. Lorsque c’est arrivé, nous étions sur la banquette arrière. Notre chauffeur de taxi est directement descendu, sans même prendre son permis. A la place, un billet de 20 000 roupies qu’il glisse dans la main du policier, après s’être déplacé derrière la voiture, croyant ainsi échapper à nos regards. Quand il remonte, on ne peut retenir les questions. « Tu l’as payé ? ». Réponse affirmative. Les 20 000 rp habituellement demandées. « Et tu ne négocies pas avec eux, hein ? ». Le chauffeur sourit : « Si tu essaies de négocier ou si tu refuses de payer d’entrée, ils te demandent 100 000 rp ou font le tour de ta voiture jusqu’à ce qu’ils trouvent quelque chose. Et ils trouvent toujours… » Il nous dit que ce n’est pas normal mais qu’il n’y a rien à faire. Que le larcin des policiers est destiné à leur payer un coup : quand ils ont assez, ils arrêtent… jusqu’à la prochaine fois.
Là encore, les étrangers n’ont qu’à bien se tenir. La même journée, sur une autre route, nous apercevons deux européens sur un scooter. Les billets verts qu’ils tendent au policier portent le chiffre 20 000. Un rapide coup d’œil et on en compte au moins quatre. Les flics aussi ont leur vache à lait… Nous aurons plus de chance lors d’une virée à deux roues : la présentation instantanée de nos permis internationaux, accompagnée d’un grand sourire, a eu raison de la détermination du policier. Pendant quelques secondes tout de même, on a senti planer le couperet.
La pratique est connue des habitants, qui ont appris à vivre avec. Ils connaissent les régions où la corruption se pratique le plus et tentent, s’ils le peuvent, de les éviter. Le gouvernement lui non plus n’est pas dupe, au point qu’il a créé une police des polices, chargée de surveiller ce racket. Mais faute de véritables moyens, le phénomène a encore de beaux jours devant lui.
Delphine Russeil
Commentaires
lateteenbas le 17-09-2009 à 04:10:54 (site)
1 euro = 14 000 roupies
Et juste pour info : l'Indonesie est une Republique depuis 10 ans et la chute de Suarto, avec des elections ; pas un regime totalitaire. Comme quoi... Mais peut-etre que le fait que le pays soit reparti en milliers de petites iles n'aide pas le pouvoir central.
Mamounette Busterjo le 15-09-2009 à 17:16:06
J'ai oublié de demander = 1 euro ça fait combien de Roupies ( parce que tout le monde n'est pas allé à Bali....Lol) ???
Mamounette Busterjo le 15-09-2009 à 17:09:49
Bali c'est Chicago dans les années 20/30, non ? ! LOL
Ceci dit Le phénomène "croissance touristique" dont tu parles, ça se passe et ça commence depuis cette année pour le Vietnam : z'ont compris le système pour se faire des tunes .....et comme les gouvernements dans ces pays là sont souvent "aux mains" de l'armée aidée d'une mafia de Flics....forcément c'est le peuple qui trinque !!!!!
Régime totalitaire = corruption des "Forces" gouvernementales....