La Tête en bas

Vendredi, à notre réveil, le soleil nous offre sur la plage de Cape Conran un spectacle éblouissant de couleurs. Toutes les teintes sont dans la palette du ciel, du jaune au pourpre.

Les yeux encore émerveillés, nous reprenons la route de Melbourne. A peine avons-nous parcouru deux ou trois kilomètres que nous découvrons ce qui semble faire le quotidien du Victoria : des bois calcinés par les flammes. Sur le côté gauche de la route, il ne reste plus que des silhouettes noires d’eucalyptus. Çà et là, des volutes de fumée s’élèvent encore : cet incendie-là n’a que quelques jours… Etonnant, puisque l’automne a déjà bien détrempé ces terres. On repense alors aux feux qui ont dévoré l’Etat il y a trois mois, en plein été. On imagine avec quelle facilité les flammes ont pu se propager. Lors de notre séjour à la Yurtfarm, nous avons constaté que les écorces d’eucalyptus sont un excellent combustible… Un facteur aggravant dans le cas présent.

Le long de la Princes Highway qui traverse le Gippsland, nous dépassons des paysages défigurés par les feux. Ici, des arbres brûlés au feuillage brun restent debout, les pieds dans la cendre qui recouvre tout. Là, les forêts ont repris de leur splendeur, déployant une canopée au vert profond, mais leurs troncs portent encore les stigmates des incendies passés. A croire que tous les bois du Victoria ont un jour ou l’autre été consumés par les flammes…

Mais dans ce pays des extrêmes, la nature semble avoir trouvé une parade à ces désastres : étonnamment, les eucalyptus ne meurent pas tous brûlés, et la plupart surmontent leurs blessures pour s’épanouir de plus belle.