La Tête en bas

Reprenons depuis le début. Est-ce qu’en tant que Française je trouve les Australiens « américanisés » ? La réponse est oui, sans aucun doute. Un préjugé qui m’a induit en erreur il y a quatre jours, pour Halloween. Extatique à l’idée de prendre part à la grande parade déguisée qui aurait lieu, j’en étais sûre, dans Brisbane, j’ai cherché pendant des heures du maquillage de fête pour me grimer à mon tour. Le soir venu, le choc a été dur à encaisser : les Australiens ne fêtent pas – ou peu – Halloween. Pour cela, me dit-on, il fait traverser le Pacifique… Bon.

Et puis ce soir-là – celui de la vérité – j’ai eu du mal à décrocher mes yeux des filles alentours... Visualisez la robe la plus courte que vous puissiez, enlevez-lui 10 cm et cette tenue aura encore l’air acceptable portée par une nonne à côté des lots qui défilent dans la nuit des villes australiennes. On se croirait débarqué dans une série US genre Gossip. Mon jean, pourtant moulant, s’est senti bien triste ce soir-là, et moi un tantinet déplacée… Le terme exact serait même « propulsée dans une autre galaxie ». Ne vous y trompez pas, je ne dis pas là que toutes les Australiennes sont des poupées vulgaires, mais justes qu’elles me rappellent étrangement des modèles maints fois éprouvés par les créations hollywoodiennes.

Et ceci ne sont que de petits exemples tirés au hasard – je n’évoque même pas la symétrie déconcertante des villes construites sur des grilles, ou encore la prolifération des fast-foods, si symptomatiques des USA.

Donc oui, je crois que pour tout européen débarquant à Sydney, Perth ou Melbourne, l’Australie et les Etats-Unis, c’est kiffe-kiffe bourricot.

Dans ces conditions, comment les Américains peuvent-ils encore renier ce lien fraternel avec les Aussies ? « On est vraiment des britanniques pour eux », confie Martyn. Le critère principal ? L’humour. Ici, on rie de tout et ouvertement. La dérision – des autres comme de soi – est ambiante, ce qui n’est pas sans rappeler ce symbole anglais que sont les Monty Pythons. Un humour qui selon notre homme est une sacré barrière avec les voisins outre-Pacifique : « Pour eux, il y a des sujets tabous avec l’humour, comme la religion. »

Et puis, ici, on roule à gauche et on mange du Fish & Chips… Quoi de plus britannique pour un américain ?!

Vous êtes perdus ? Dites-vous que les Australiens, Anglais et Américains sont aussi différents entre eux que les Français, Belges et Canadiens…

Mais alors, c’est quoi un Australien ? Eh bien, aussi stupide que ma remarque m’apparaît en l’écrivant, un Australien est un Australien. Certes, en certains points, il ressemble à son ami américain et à son ancêtre britannique. Mais il se définit aussi selon des critères singuliers, comme l’absence de conviction politique. Je vous entends déjà hurler en Hexagone, tout Français que vous êtes à commencer chaque conversation par « T’as entendu la nouvelle sur le fils Sarko ? ». C’est pourtant de Martyn, une fois de plus, que je tiens cette information. Selon lui, « les gens ne s’intéressent pas à la politique car en Australie il n’y a que bureaucratie. Les deux partis sont du centre – droit et gauche. Du coup, les élections se limitent plus ou moins à décider qui présente le mieux ! ». Non, ici, il n’y a que les discussions sur le sport de vraies…

Ah oui, d’un point de vue français (petite minute ethnocentriste !), l’Australien est masochiste aussi. Ici, les gens travaillent 7j/7, près de dix heures par jour. Les plus chanceux ont une journée de repos. Et en même temps, les statistiques montrent que ce pays est l’un des plus relax au monde. J’en conclus que les Australiens sont heureux de travailler comme des acharnés… Et dire que nous, à côté, on fait 35 heures par semaine, en général 5 jours sur 7, et qu’on trouve encore le moyen de râler !

Delphine R.